Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/255

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horreurs, comme vous mettez alentour le pays à feu et à sang, et qu’il me fallût seconder votre infâme et furieuse conduite… vous m’assommeriez comme un chien enragé, avant de me voir votre chef.

KOHL.

Si cela n’était pas arrivé, peut-être cela n’arriverait-il jamais.

STUMPF.

Le malheur a été précisément qu’ils n’avaient point de chef qu’ils respectassent, et qui pût mettre un terme à leur furie. Prends le commandement, Gœtz, je t’en prie. Les princes, toute l’Allemagne, t’en sauront gré. Ce sera pour le bien et le profit de tous. Les hommes et le pays seront épargnés.

GŒTZ.

Pourquoi ne t’en charges-tu pas ?

STUMPF.

Je m’en suis excusé.

KOHL.

Nous n’avons pas le temps de pendre nos selles et d’écouter de longs et frivoles discours. En deux mots, Gœtz, sois notre chef, ou prends garde à ton château et à ta peau. Nous te laissons deux heures de réflexion… Gardez-le.

GŒTZ.

À quoi bon ? Je suis aussi bien résolu à présent que plus tard. Pourquoi avez-vous pris les armes ? Afin de recouvrer vos droits et libertés. Que sert de vous déchaîner et de ravager le pays ? Voulez-vous renoncer à tout acte criminel, et vous conduire comme de braves gens, qui savent ce qu’ils veulent, je consens à soutenir vos prétentions, et je serai votre chef pour huit jours.

WILD.

Ce qui est arrivé s’est fait dans la première chaleur, et nous n’avons pas besoin de toi pour nous arrêter à l’avenir.

KOHL.

Il faut t’engager à nous au moins pour trois mois.

STUMPF.

Dites quatre semaines, pour que vous soyez satisfaits de part et d’autre.

GŒTZ.

J’y consens.