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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/258

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Jaxthausen.

ÉLISABETH, LERSE.
LERSE.

Rassurez-vous, noble dame.

ÉLISABETH.

Ah ! Lerse, il avait les larmes aux yeux en prenant congé de moi. C’est cruel ! bien cruel !

LERSE.

Il reviendra.

ÉLISABETH.

Ce n’est pas cela. Quand il partait pour marcher à une glorieuse victoire, mon cœur n’était pas affligé ; je me réjouissais de son retour, qui m’inquiète aujourd’hui.

LERSE.

Un homme si généreux !

ÉLISABETH.

Ne l’appelle pas ainsi, cela renouvelle ma douleur. Les scélérats ! Ils menaçaient de l’égorger et de brûler son château… Quand il reviendra… je le vois sombre, sombre !… Ses ennemis forgeront des accusations calomnieuses, et il ne pourra pas dire : non !

LERSE.

Il pourra le dire et le dira.

ÉLISABETH.

Il a rompu son ban. Ose dire que non !

LERSE.

Non ! Il a été contraint. Où est la raison pour le condamner ?

ÉLISABETH.

La méchanceté ne cherche pas des raisons, mais des prétextes. Il s’est associé à des rebelles, des malfaiteurs, des meurtriers ; il s’est mis à leur tête. Ose dire que non !

LERSE.

Cessez de vous tourmenter et moi avec vous. Ne lui ont-ils pas promis solennellement de ne plus entreprendre d’exécutions comme celle de Weinsberg ? Ne les ai-je pas entendus eux-mêmes dire, à demi repentants : « Si ce n’était pas fait, peut-