BUYCK.
- Aussi tout le peuple court après eux.
SOEST.
Je le crois bien, là où l’on peut entendre quelque chose de bon et de nouveau !
JETTER.
Et qu’est-ce donc que cela signifie ?… On peut bien laisser chacun prêcher à sa manière.
BUYCK.
Çà, courage, messieurs ! Tout en bavardant, vous oubliez le vin et Guillaume d’Orange.
JETTER.
Celui-là, il ne faut pas l’oublier. C’est un solide rempart : que l’on songe à lui seulement, on croit aussitôt qu’on pourrait se .cacher derrière lui, et que le diable n’en attraperait pas un. A Guillaume d’Orange ! Qu’il vive !
TOUS.
Qu’il vive ! qu’il vive !
SOEST.
Et toi, mon vieux, porte aussi une santé !
RUYSUM.
Aux vieux soldats ! A tous les soldats ! Vive la guerre ’
BUYCK.
Bravo, mon vieux ! A tous les soldats ! Vive la guerre !
JETTER.
La guerre ! la guerre ! Savez-vous bien ce que vous appelez ? Que ce mot s’échappe aisément de vos lèvres, c’est bien naturel ; mais à quel point il nous attriste le cœur à nous autres, c’est ce que je ne puis dire. Entendre le tambour toute l’année ; point d’autres nouvelles, sinon qu’une troupe file par ici et une autre par là ; qu’elles ont franchi une colline, et se sont arrêtées près d’un moulin ; combien sont demeurés en cet endroit, combien en cet autre, et comment ils en sont venus aux • mains ; comment l’un a gagné, l’autre a perdu, sans que vous sachiez de vos jours qui gagne ou qui perd quelque chose ; comment une ville a été prise, et les bourgeois égorgés, et ce que sont devenus les pauvres femmes et les enfants innocents. C’est une détresse et une angoisse ;