Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/322

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Et que serait un jugement avant l’enquête ? Une condamnation avant le jugement ?

EGMONT.

Une injustice, dont Philippe ne se rendra jamais coupable, et une folie, que je n’imputerai ni à lui ni à ses conseillers.

ORANGE.

Et s’ils étaient injustes et fous ? .

EGMONT.

Non, Orange, c’est impossible. Qui oserait porter la main sur nous ?… Nous jeter en prison serait une entreprise vaine et désespérée. Non, ils n’oseront pas lever si haut l’étendard de la tyrannie. Le souffle d’orage qui répandrait cette nouvelle dans le pays allumerait un vaste embrasement. Et quel serait leur but ? Le roi ne peut juger et condamner seul : voudraient-ils attenter par le meurtre à notre vie ?… Ils ne peuvent le vouloir. Une ligue formidable unirait le peuple en un moment ; la haine et la séparation éternelle du nom espagnol éclateraient violemment.

ORANGE.

C’est sur notre tombeau que se déchaînerait l’incendie, et le sang de nos ennemis coulerait comme inutile sacrifice expiatoire. Egmont, il faut y songer.

EGMONT.

Mais comment pourraient-ils… ?

ORANGE.

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EGMONT.

La gouvernante prétendait n’en rien savoir.

ORANGE.

J’en suis d’autant plus convaincu. La gouvernante va lui faire place. Je connais l’homme et son humeur sanguinaire, et il amène une armée avec lui.

EGMONT.

Pour écraser de-nouveau les provinces ?… Le peuple sera fort mécontent.