tu le retiens auprès de toi ? Non, c’est de l’esclavage. Tu viens : il faut qu’elle te voie, qu’elle te voie toi seul à la fête. Tu t’en vas : il faut qu’elle s’en aille aussitôt avec toi. Elle hésite : soudain ton regard devient sombre. Alors elle te suit, mais son cœur demeure en arrière bien souvent.
Ou plutôt toujours !
On entend bien quand c’est le dépit qui parle. Où manque la liberté, tout plaisir est mort. Nous sommes ainsi. Un enfant a du goût pour le chant ; on lui dit : « chante-moi quelque chose ; » il se trouble et se tait. Si tu laisses la liberté à ton amie, elle ne te laissera pas ; mais, si tu es trop dur avec elle, prends garde qu’elle ne te haïsse.
Me haïr !
Comme tu l’auras mérité. Saisis ce moment et assure-toi le bonheur de la véritable tendresse. Car un cœur tendre, poussé par sa propre ardeur, peut seul être fidèle, seul aimer véritablement. Dis-moi, sais-tu donc s’il t’est fidèle, l’oiseau que tu tiens en cage ?
Non !
Mais, s’il vole en liberté dans le jardin et la campagne, et cependant revient ?…
Oui ! bien ! Je le sais alors !
Ta joie n’est-elle pas plus grande, quand tu vois la petite bête, qui t’aime si tendrement, qui connaît la liberté et te donne pourtant la préférence ? Et, si une fois ton amie revient d’une fête, encore émue de la danse, et te cherche ; si ses regards laissent voir que son plaisir n’est jamais complet, lorsque tu es absent, toi, son bien-aimé, son unique ; si elle te jure qu’un baiser de toi a plus de prix pour elle que les plaisirs de mille fêtes : n’es-tu pas alors digne d’envie ?
ÉRIDON, ému.
Églé !