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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/332

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prévoyez rien, et vous n’en croyez pas notre expérience. La jeunesse et les belles amours, tout prend fin ; et il vient un temps où l’on rend grâce à Dieu, si l’on peut se mettre quelque part à couvert.



Claire. Elle frémit, se tait et tressaille. Ma mère, laissez venir le temps comme la mort. Y songer d’avance est horrible ! Et quand elle viendra…. quand nous devrons…. alors…. il faudra s’évertuer comme on pourra…. Egmont, me passer de toi !… (Elle pleure.) Non, c’est impassible c’est impossible. (Egmont parait, en manteau de cavalier, le chapeau rabattu sur les yeux. )

EGMONT.

Claire !

Claihe. Elle jette un cri et recule.

Egmont ! (Elle s’élance vers lui.) Egmont ! (Elle l’embrasse et Ij

presse sur son cœur.) Oh ! bon, cher, doux ami ! Viens-tu ? Es-tu

là ?

EGMONT.,,

Bonsoir, mère !

LA MÈRE.

Dieu vous garde, noble seigneur. Ma petite est presque morte, de ce que vous avez tardé si longtemps ; elle n’a tout le jour parlé et chanté que de vous.

EGMONT.

Vous me donnerez bien à souper ?

LA MÈRE.

C’est trop d’honneur…. Si seulement nous avions quelque chose !…

CLAIRE.

Certainement ! Soyez tranquille, ma mère. J’ai tout arrangé ; j’ai préparé quelque chose. Ne me trahissez pas ma mère.

LA MÈRE.

Un pauvre souper !…

CLAIRE.

Attendez seulement ! Et puis je me dis : « Quand il est près de moi, je n’ai pas faim du tout : il ne doit donc pas non plus avoir grand appétit, quand je suis près de lui. »

EGMONT.

Tu crois ?… (Claire frappe du pied et se détourne avec humeur.) Qu’as-tu donc ?



CLAIRE.

Comme vous êtes