Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/334

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EGMONT.

Tu la vois à présent. . •

CLAIRE.

C’est l’empereur qui t’a pendu cela au cou ?

EGMONT.

Oui, mon enfant, et cette chaîne et cette décoration donnent à celui qui les porte les plus nobles priviléges. Je ne reconnais sur la terre aucun juge de. mes actions que le grand maître de l’ordre avec le chapitre des chevaliers.

.CLAIRE.

Ah ! tu pourrais te faire juger par le monde entier !… Le velours est trop magnifique ; et les dorures ! et la broderie !… On ne sait par où commencer.

EGMONT.

Examine tout à souhait.

CLAIRE.

Et la Toison d’or ! Vous me racontiez l’histoire et vous me disiez que c’était un signe de tout ce qui est grand et précieux, qu’on mérite et qu’on obtient avec peine et travail. Il est de grand prix…. Je peux le comparer à ton amour…. Je le porte aussi sur mon cœur…. et après…, .

EGMONT.

Que veux-tu dire ?

CLAIRE.

Après, on ne peut plus les comparer.

EGMONT.

Pourquoi donc ?

CLAIRE.

Je ne l’ai pas obtenu avec peine et travail ; je ne l’ai pas mérité.

EGMONT.

En amour, c’est autre chose. Tu le mérites, parce que tu ne l’as pas recherché…. Et ceux-là seulement l’obtiennent d’ordinaire, qui ne le pourchassent pas.

CLAIRE.

As-tu pris cela de toi ? As-tu fait cette fière observation sur toimême, toi que tout le peuple chérit ?

EGMONT.

Si j’avais fait seulement quelque chose pour eux ! Si je pouvais