Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/403

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par ce mariage mes plans et mes perspectives d’une vie « glorieuse. Si j’avais pu savoir qu’elle eût un frère comme * vous, elle n’aurait pas été à mes yeux une étrangère sans « conséquence ; j’aurais espéré de cette union les plus grands « avantages. Vous me pénétrez, monsieur, de la plus haute « estime pour vous ; et, en me faisant de la sorte sentir vive« ment mon injustice, vous m’inspirez le désir, la force, de tout « réparer. Je me Jette à vos pieds ! Aidez-moi, aidez-moi, s’il « est possible, à effacer ma faute et à faire oublier ce malheur. * Rendez-moi votre sœur, monsieur ; rendez-moi à elle ! Que je « serais heureux, si je recevais de votre main une épouse et le « pardon de toutes mes fautes !»

1. Ancien palais des rois d’Espagne à Madrid.



BEAUMARCHAIS.

« Il est trop tard. Ma sœur ne vous aime plus, et je vous dé« teste. Écrivez la déclaration demandée : c’est tout ce que j’exige « de vous, et laissez-moi le soin et le choix de la vengeance. »

CliAVIJO.

Votre obstination n’est ni juste ni sage. Je vous accorde que ma volonté ne suffit pas à réparer une affaire en si fâcheux état…. Puis-je la réparer ?… C’est au cœur de votre excellente sœur à décider si elle veut encore jeter les yeux sur un misérable, qui ne mérite pas de voir la lumière du jour. Mais votre devoir, monsieur, est de peser la chose et d’agir en conséquence, si vous voulez que votre démarche ne semble pas l’emportement inconsidéré d’un jeune homme. Si dona Maria est inflexible…. Ah ! je connais son cœur !… Sa bonté, son âme céleste, me sont vivement présentes !… Si elle est inexorable, alors il sera temps, monsieur.

BEAUMARCHAIS.

- IL me faut votre déclaration.

Clavijo, Rapprochant de la table. Et si je prends l’épée ?

Beaumarchais, le suivant. Bien, monsieur ! Parfaitement, monsieur !

. V . . Clavijo, l’arrêtant.

Encore un mot. Vous avez la bonne cause : souffrez que j’aie pour vous la prudence. Songez à ce que vous faites. Dans l’un et l’autre cas, nous sommes tous perdus irrévocablement. Ne