devrais-je pas mourir de douleur et de désespoir, si votre sang allait teindre mon épée ? si, après tous ses malheurs, je ravissais encore à Marie son frère ? Et quant à vous…. le meurtrier de Clavijo ne repasserait point les Pyrénées.
BEAUMARCHAIS.
La déclaration, monsieur ! la déclaration !
CLAVIJO.
Eh bien, soit ! Je veux tout faire pour vous persuader du sentiment sincère que votre présence m’inspire. Je veux écrire la déclaration, je veux l’écrire sous votre dictée. Promettez-moi seulement de n’en pas faire usage avant que je me sois vu en état de persuader à dona Maria que mon cœur est changé et plein de repentir ; avant que j’aie parlé à votre sœur aînée ; avant qu’elle ait employé sa bienveillante intercession auprès de mon amante. Jusque-là, monsieur !
BEAUMARCHAIS.
Je pars pour Aranjuez.
Clavijo. ’.
Soit ! Jusqu’à votre retour, la déclaration restera dans votre portefeuille. Si je n’ai pas obtenu ma grâce, donnez pleine carrière à votre vengeance. Cette proposition est juste, convenable et sage : si vous ne l’acceptez pas, qu’il y ait entre nous deux guerre à mort ! Et qui sera victime de sa précipitation ? Ce sera toujours vous et votre pauvre sœur.
BEAUMARCHAIS.
- Il vous sied bien de plaindre celle que vous avez rendue malheureuse.
Glavijo, s’asseyant. Acceptez-vous ?
BEAUMARCHAIS.
Soit ! Je cède. Mais pas un moment de plus ! Je reviens d’Aranjuez, j’interroge, j’écoute, et, si, comme je l’espère, comme je le désire, on ne vous a point pardonné, à l’instant même, la déclaration chez l’imprimeuF !
Clavijo, prenant du papier.
Comment la voulez-vous ?
BEAUMARCHAIS.
. Monsieur, en présence de vos domestiques.
CLAVIJO.