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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/41

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le repos, il me manquait un aide : ne vous ai-je pas pris pour cela ? Un bel aide vraiment, pour manger mon petit avoir ! (Sceller fredonne une chanson.) Oui, chantez, chantez donc : je vous chanterai aussi quelque chose ! Vous êtes un vaurien, livré à tous les égarements ; vous jouez, vous buvez, vous fumez, vous faites folies sur folies ; vous passez toute la nuit dans la débauche ; vous dormez la moitié du jour. Il n’est pas un prince de l’Empire qui mène meilleure vie. Le voilà assis avec ses larges manches, l’extravagant ! le maître fou ! . Soeller, buvant.



A votre santé, papa !

L’hôte.

Une belle santé ! J’en prendrais la fièvre !

SOPHIE.

Mon père, soyez bon !

Soeller, buvant Ma petite Sophie, à ton plaisir !

SOPHIE.

Mon plaisir ! Si je pouvais seulement vous voir une fois d’accord !

L’hôte.

S’il ne change pas, cela ne se verra jamais. En vérité, je suis dès longtemps fatigué de ces éternelles disputes ; mais, avec la vie qu’il mène chaque jour, au diable la paix qui puisse tenir ! C’est un méchant homme, un cœur froid, ingrat ; il ne voit pas ce qu’il est ; il ne songe pas à ce qu’il était, à l’indigence d’où je l’ai tiré, à ses dettes, qu’il m’a pourtant fallu payer. On voit que ni la misère, ni le temps, ni le repentir ne le corrigent. Une fois vaurien, il restera tel pour l’éternité.

SOPHIE.

Il changera sans doute.

L’hôte. Devrait-il tarder si longtemps ?

SOPHIE.

Ce sont péchés de jeunesse.

Soeller, buvant. Oui, ma petite !… A nos amours !