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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/426

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e de donner à ton maître d’école la moitié de ton bien, pour t’avoir, il y a trente ans, enseigné l’a, b, c ? Eh bien, Clavijo ?



CLAVIJO.

Tout cela est bien. En somme, tu peux avoir raison ; cela peut être ; mais comment nous tirer de l’embarras où nous sommes ? Trouve un moyen, un secours, et tu pourras parler !

CARLOS.

Bien ! Tu veux donc ?

CLAVIJO.

Fais que je puisse, et je voudrai. Je n’ai aucune pensée : pense pour moi.

CARLOS.

Eh bien, tu vas d’abord appeler ce monsieur en lieu tiers, et tu lui redemandes, l’épée à la main, la déclaration que tu as écrite étourdiment et par contrainte.

CLAVIJO.

Je l’ai déjà : il l’a déchirée et me l’a rendue.

CARLOS.

Excellent ! excellent ! Le pas est déjà fait…. et tu m’as laissé parler si longtemps ?… Eh bien, abrégeons ! Tu lui écris tout tranquillement que tu ne juges pas à propos d’épouser sa sœur ; qu’il en pourra savoir les raisons, s’il veut se trouver, ce soir, à tel ou tel endroit, accompagné d’un ami et pourvu d’armes à son choix…. Et puis ta signature !… Viens, Clavijo, écris cela. Je suis ton second, et…. il faudrait que le diable s’en mêlât…. (Clavijo s’approche de la table.) Écoute ! un mot !… Quand j’y pense bien, c’est là une sotte idée. Qui sommes-nous pour nous risquer contre un aventurier furieux ? Et la conduite de l’homme, sa condition, ne méritent pas que nous le tenions pour notre égal. Écoute-moi donc : si je l’accusais au criminel d’être venu secrètement à Madrid, de s’être fait annoncer chez toi sous un faux nom, avec un homme à lui, d’avoir d’abord gagné ta confiance par des paroles amicales, puis de t’avoir surpris à l’improviste, de t’avoir extorqué une déclaration, et d’être parti pour la répandre…. Cela lui casse le cou, et il apprendra ce qu’il en coûte d’insulter un Espagnol dans la paix de la vie privée.

CLAVIJO.

Tu as raison. . ’.

GŒTIIE. — TH. I, 27