Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/429

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SOPHIE.

Ménage-toi.

MARIE.

Je suis une insensée et malheureuse jeune fille. La douleur et la joie ont miné, avec toute leur violence, ma pauvre vie. Crois-moi, je ne goûte qu’à demi la joie de le retrouver. Je jouirai peu du bonheur qui m’attend dans ses bras ; point du tout peut-être.

SOPHIE.

Ma sœur, ma chère et unique !… Tu te ronges avec ces rêveries.

MARIE.

Pourquoi devrais-je me faire illusion ?

SOPHIE.

Tu es jeune et heureuse, et tu peux tout espérer.

Marie. .

L’espérance ! Ah ! ce délicieux, cet unique baume de la vie enchante souvent mon âme. Les joyeux songes de la jeunesse flottent devant moi, et accompagnent la figure chérie de l’homme incomparable qui redevient aujourd’hui le mien ! O Sophie, qu’il est charmant ! Depuis nos dernières entrevues, il a…. je ne sais comment m’exprimer…. Toutes les grandes qualités cachées autrefois sous sa modestie se sont développées. Il est devenu un homme, et ce pur sentiment de lui-même, avec lequel il se présente, si exempt d’orgueil et de vanité, doit lui gagner tous les ccèurs…. Et il serait à moi !… Non, ma sœur, je n’étais pas digne de lui…. Et maintenant je le suis bien moins encore !

SOPHIE.

Va, donne-lui ta main et sois heureuse…. J’entends nofre frère ! (Entre Beaumarchais.)

BEAUMARCHAIS.

Où est Guilbert ?

SOPHIE.

11 est sorti, il y a déjà quelque temps : il ne peut tarder.

MARIE.

Qu’as-tu, mon frère ? (Elle se lève avec précipitation et se jette dans ses bras.) Cher frère, qu’as-tu donc ?



BEAUMARCHAIS.

Rien !