Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/480

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FERNAND.

Ces femmes m’ont troublé.».. La mère est une digne femme, mais elle ne veut pas rester ; elle ne veut donner aucune raison ; elle veut partir. Laisse-la faire, Stella.

STELLA.

Si l’on ne peut la persuader, je ne la veux pas contre sa volonté.... Et puis, Fernand, j’avais besoin de compagnie.... et à présent, (elle l’embrasse) à présent, je te possède !

: FERNAND.

Calme-toi.

STELLA.

Laisse-moi pleurer. Je voudrais que le jour fût passé. Je tremble encore de tous mes membres.... La joie.... tout, soudainement, à la fois ! Toi, Fernand ! Et à peine, à peine !... A tout cela, je succomberai.

Fernand, à part.

Malheureux que je suis ! L’abandonner ! (Haut.) Epargne-moi, Stella.

STELLA.

C’est ta voix, ta voix caressante ! Stella ! Stella !... Tu sais comme j’aimais à t’entendre prononcer ce nom.... Stella ! Nul ne le prononce comme toi. Toute la chaleur de l’amour est dans cet accent.... Qu’il est encore vivant chez moi le souvenir du jour où je t’entendis le prononcer pour la première fois, où tout mon bonheur commença en toi !

FERNAND.

Ton bonheur !

STELLA

Je crois que tu commences à compter, que tu comptes les tristes heures que j’ai passées à cause de toi. Laisse, Fernand, laisse !... Ah ! depuis le moment où je te vis pour la première fois, comme tout fut changé dans mon âme ! Te souviens-tu de cette après-midi, dans le jardin, chez mon oncle ? Comme tu vins à nous ? Nous étions assis sous les grands châtaigniers derrière la maison de plaisance....

FFRNAND, Cl part.

Elle veut me déchirer le cœur.... (Haut.) Je m’en souviens encore, ma Stella.