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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/482

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STELLA.

Cela te surprend-il ? N’est-ce donc pas vrai ? J’ai tout abandonné. Ou peux-tu, mal à propos, prendre, dans la bouche de Stella, ces mots comme un reproche ? Je suis bien loin d’avoir assez fait pour toi.

FERNAND.

Sans doute !... Quitter ton oncle, qui t’aimait comme un père, qui te portait dans son cœur, dont la volonté était la tienne, ce n’était pas beaucoup ? Cette fortune, ces biens, qui tous t’appartenaient, qui devaient t’appartenir, ce n’était rien ? Le lieu où tu avais vécu dès ton enfance, où tu avais été heureuse.... tes compagnes....

STELLA.

Et tout cela, Fernand, sans toi ? Qu’était cela pour moi, au prix de ton amour ? Mais c’est seulement lorsqu’il s’éveilla dans mon âme, que le monde fut à moi.... A la vérité, je dois t’a vouer que parfois, dans mes heures solitaires, je me suis dit : « Pourquoi ne pouvais-je pas jouir de tout avec lui ? Pourquoi avonsnous dû fuir ? Pourquoi ne pas rester en possession de tout cela ? Mon oncle lui aurait-il refusé ma main ? Non ! Et pourquoi fuir ?... Oh ! j’ai trouvé ensuite pour toi assez d’excuses. Pour toi, je

n’en ai jamais manqué. Et si c’était une fantaisie, disais-je

Car vous en avez beaucoup de fantaisies !... Si c’était la fantaisie d’avoir une jeune fille secrètement pour lui, comme une proie.... Et si c’était l’orgueil de l’avoir seule et sans dot ! Tu peux croire que le mien n’était pas peu intéressé à se persuader ce qu’il y avait de mieux ; et voilà comme tu -en vins à bout heureusement.

Fèrnand, à part.

Je succombe. (Entre Annette.)

ANNETTE.

Pardon, madame ! Où restez-vous, monsieur Je capitaine ? Tout est empaqueté, et il ne manque plus que vous. La demoiselle a tant couru, tant commandé aujourd’hui, que c’était insupportable ; et à présent vous ne venez pas !

STELLA.

Va, Fernand, mets-les en route ; paye la poste pour elles, mais reviens aussitôt.