Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/485

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Dis-moi... C’est là, au fond de mon âme.... Dis-moi.... estu ?...

CÉCILE.

Je suis.... je suis sa femme !... Stella, se levant tout à coup et se couvrant les yeux avec les mains. Et moi ! (Elle court, égarée, en long et en large.)

CÉCILE.

Venez dans votre chambre.

STELLA.

Que me rappelles-tu ? Qu’est-ce qui est à moi ?... Affreux ! alfreux !... Ces arbres, que j’ai plantés, que j’ai élevés, sont-ils à moi ? Pourquoi en un instant tout me devient-il étranger ?... Uepoussée.... perdue.... perdue pour jamais ! Fernand ! Fernand !

CÉCILE.

Va, Lucie, chercher ton père.

STELLA.

Par pitié ! Arrête !... Qu’il fuie ! Qu’il ne vienne pas ! Éloignetoi !... Père !... époux !...

, ’ CÉCILE.

Chère amie !

STELLA.

Tu m’aimes ? Tu me presses sur ton sein ?... Non ! non !... Laisse-moi.... repousse-moi.... (A son cou.) Encore un moment ! Bientôt ce sera fait de moi. Mon cœur ! mon cœur !

LUCIE.

Reposez-vous,

STELLA.

Je ne soutiens pas votre vue. J’ai empoisonné votre vie. Je vous ai ravi tout votre bien.... Vous dans l’infortune ; et moi.... quelle félicité dans ses bras ! (Elle se jette à genoux.) Pouvez-vous me pardonner ?

CÉCILE.

Laissez ! laissez ! (Elles s’efforcent de la relever.)

6TELLA.

Je veux rester ici prosternée, supplier, gémir devant Dieu et devant vous. Pardon ! pardon ! (Elle se lève tout à coup.) Pardon ?... Donnez-moi des