Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/495

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STELLA.

Le secours est venu.

CÉCILE.

Ah ! j’attendais bien autre chose ! J’espérais bien autre chose !

STELLA..

O toi, bonne, patiente, confiante !...

CÉCILE.

Quel sort affreux !

STELLA.

Le sort fait des blessures profondes, mais souvent guérissables : les blessures que le cœur fait au cœur, que le cœur se fait à lui-même, sont incurables. Ainsi.... laisse-moi mourir !. (Entre Fernand.)

FERNAND.

Lucie s’est-elle trop hâtée ou la nouvelle est-elle vraie ? Qu’elle ne soit pas vraie, Cécile, ou .je maudirai ta générosité, ta patience !

CÉCILE.

Mon cœur ne me reproche rien. La bonne volonté est au-dessus de tous les événements. Hâte-toi de la sauver : elle vit encore ; elle nous entend.

Stella. Elle lève les yeux et prend la main de Fernand.

Sois le bienvenu ! Donne-moi ta main, (A Cécile) et toi la tienne. Tout pour l’amour fut la devise de ma vie. Tout pour l’amour, et, même à présent, pour lui la mort ! Dans les plus fortunés instants, nous savions nous taire et nous comprendre : (Elle cherche à unir les mains des deux époux) et maintenant laissezmoi me taire et me reposer. (Elle tombe sur son bras droit, qui est étendu sur la table.)

FERNAND.

Oui, Stella, nous voulons nous taire et nous reposer. (Il s’avance lentement vers la table à gauche.)

Cécile, avec impatience.

Lucie ne vient pas ! Il ne vient personne ! La maison, le voisinage est-il donc un désert ? Courage, Fernand, elle vit encore. Des milliers de personnes se sont relevées du lit de mort, v sont ressuscitéesdu tombeau. Fernand, elle vit encore. Et, si tout nous abandonne, s’il n’est ici ni médecin, ni secours, il est quelqu’