Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/496

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un dans le ciel qui nous entend. Écoute-moi, exauce-moi, Dieu ! Conserve-la pour nous ! Ne la laisse pas mourir ! (Fernand a pris un pistolet et sort lentement. Cécile tient toujours la main de Stella.) Oui, elle vit encore ; sa main, sa chère main est encore chaude. Je ne la quitte pas ; je te presse, avec toute la force de la foi et de l’amour. Non, ce n’est pas une illusion. Une fervente prière est plus forte qu’un secours terrestre. (Elle se lève et se retourne.) Il est parti, le silencieux, le désespéré ! Où est-il ? Oh ! qu’il ne risque pas le coup vers lequel se précipite toute sa vie orageuse. A lui ! (Comme elle veut sortir, elle se retourne vers Stella.) Et je l’abandonne ici sans secours ? Grand Dieu ! Et je me vois, • dans cet effroyable moment, entre deux cœurs que je ne puis ni séparer ni réunir. (On entend un coup de feu dans l’éloignement.) Dieu ! (Elle veut courir au bruit.)



Stella, se levant péniblement.

Qu’était cela ? Cécile, tu es si loin ! Approche ; ne me quitte

pas. Je suis si inquiète ! Oh ! mon angoisse !... Je vois couler du

sang. Est-ce donc mon sang ? Ce n’est pas mon sang. Je ne suis

pas blessée, mais mortellement malade.... C’est bien mon sang....

Lucie, accourant.

Du secours., ma mère, du secours !... Je cherche du secours, je cherche le médecin, je dépêche des messagers. Mais, hélas ! faut-il te le dire ? 11 faut de tout autres secours ! Mon père tombe, frappé de sa propre main ; il gît dans son sang. (Cécile veut courir ; Lucie la retient.) Non, pas là, ma mère ; le cas est sans remède et provoque le désespoir.

Stella. A moitié levée, elle a écouté attentivement. Elle prend la main de Cécile.

Serait-ce accompli ? (Elle se lève et s’appuie sur Cécile et Lucie.) Venez, je me sens de nouvelles forces, venez auprès de lui. Là laissez-moi mourir. . •

CÉCILE.

Tu chancelles, tes genoux ne te soutiennent pas. Nous ne pouvons te porter. Et moi-même je n’ai pas une goutte de sang dans les veines.

Stella. Elle retombe sur le fauteuil.

C’en est donc fait ! Mais toi, cours auprès de celui à qui tu appartiens. Recueille son dernier soupir, son dernier râlement.



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