Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/122

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V.

LA NIÈCE, LE CHANOINE. La Nièce s’assied sous le berceau ; elle tient la rose à la main.

Le Chanoine, arrivant du côte opposé, par le fond du théâtre.

Un profond silence me présage ina prochaine félicité. Je n’entends aucun bruit dans ces jardins, qui d’ordinaire, par la faveur du prince, sont ouverts à tous les promeneurs, et qui, • dans les" belles soirées, sont souvent visités par un malheureux amant solitaire, et plus souvent par un couple joyeux et fortuné. Oh ! je te remercie, flambeau céleste, de t’envelopper aujourd’hui d’un voile mystérieux ! Vents orageux, nuages menaçants et sombres, vous me charmez, de faire peur aux sociétés légères qui souvent folâtrent vainement çà et là dans ces allées, remplissent de rires bruyants les berceaux, et, sans jouir ellesmêmes, troublent, pour les autres, les plus doux plaisirs. O vous, beaux arbres, comme vous me paraissez grandis depuis quelques étés, depuis qu’un triste exil m’éloigna de vous ! Je vous revois maintenant, je vous revois avec les plus belles espérances, et les songes qui m’occupaient un jour sous vos jeunes ombrages seront maintenant accomplis. Je suis le plus heureux des mortels !

La Marquise, s’approchant doucement du Chanoine.

Est-ce vous, chanoine ? Approchez-vous, approchez-vous de votre bonheur ! Voyez-vous là-bas sous le berceau 1

LE CHANOINE.

Ah ! je suis au comble de la félicité ! (La Marquise se retire. Le Chanoine s’approche du berceau et se jette aux pieds de la Nièce.) Adorable mortelle, ô la première des femmes, laissez-moi muet à vos pieds, laissez-moi exhaler sur cette main ma reconnaissance, ma. vie !

LA NIÈCE.

Monsieur….

LE CHANOINE.

N’ouvrez pas la bouche pour moi, ô déesse ! c’est assez de votre présence. Quand vous disparaîtrez loin de moi, j’aurai

GŒniE. — TH. H H