Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/130

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Eh quoi ? Le chevalier ? Quelle horreur ! C’est impossible !

LE CHEVALIER*. "

Oui, me voici, pour témoigner contre vous tous !

LA NIÈCE.

La.faute en est à moi seule.

LE CHANOINE.

Qu’entends-je ? J’en deviens fou.

LE COMMANDANT.

Vous connaissez donc cet homme ? Rien que de naturel en tout ceci, sauf qu’il soit resté honnête dans une pareille compagnie. Il a observé vos friponneries, il les a révélées au prince, et j’ai la charge d’informer et de punir. ( Au Chanoine. ) D’abord, afin que vous voyiez par quel chemin on vous a conduit, par qui vous avez été mené, combien vous êtes abusé, reconnaissez enfin le fantôme avec lequel on a outragé ce soir notre princesse. (Il lève le voile qui couvrait le visage de la Nièce : le Chanoine la reconnaît, et il exprime par gestes son saisissement. )

LE CHEVALIER.

Telle la princesse, tels les esprits !… Voilà les hommes auxquels vous vous êtes confié.

LE CHANOINE.

Je me fiais à vous aussi, et je vois que vous m’avez perdu.

LE COMMANDANT.

Ces misérables se sont servis de votre faiblesse, et vous ont excité aux plus criminelles entreprises. Que pouvez-vous attendre ?

LE CHANOINE.

Monsieur le commandant. ..

LE COMMANDANT.

Rassurez-vous ! Et sachez d’abord que le prince pense assez noblement pour punir, cette fois encore, avec indulgence votre étourderie, votre témérité. Que dis-je, punir ? Il veut plutôt essayer, une seconde fois, s’il est possible de vous corriger et de vous rendre digne de vos illustres ancêtres. Votre éloignement de la cour, qui dure depuis deux ans, vous a peu profité. Je vous annonce que vous êtes libre, mais à la seule condition que vous quitterez le pays dans les huit jours, sous prétexte qu’il vous plaît