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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/205

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LE BARON.

Mais j’en profite : pouvez-vous m’en blâmer ?

CAROLINE.

Je ne sais ce que je dois penser de vous.

LE BARON.

Vous aussi… permettez-moi de vous l’avouer franchement… vous aussi, je ne vous reconnais pas.

CAROLINE.

En quoi donc suis-je si fort changée ?

LE BARON.

Pouvez-vous encore le demander ?

CAROLINE.

Il le faut bien : je ne vous comprends pas.

LE BARON.

Dois-je parler ?

CAROLINE.

Si vous voulez que je comprenne.

LE BARON.

Eh bien, depuis trois jours que je vous connais, n’avez-vous pas cherché toutes les occasions de me voir et de me parler ?

CAROLINE.

Je ne le nie pas.

LE BARON.

Chaque fois que j’ai porté les yeux sur vous, ne m’avez-vous pas répondu par vos regards ? et quels regards !

CAROLINE, avec embarras.

Je ne peux voir mes regards.

LE BARON.

Mais sentir ce qu’ils signifient… À la danse, quand je vous ai pressé la main, n’avez-vous pas pressé la mienne ?

CAROLINE.

Je ne m’en souviens pas.

LE BARON.

Vous avez peu de mémoire, Caroline. Lorsque nous valsions sous le tilleul, et que je vous ai pressée tendrement contre moi, Caroline ne m’a pas repoussé.

CAROLINE.

Monsieur le baron, vous vous êtes mal expliqué ce qu’une bonne jeune fille sans expérience…