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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/280

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ÉPIMÉTHÉE.

Je ne m’égare point : la beauté conduit au droit chemin.

PROMÉTHÉE.

Sous les traits de la femme, elle ne séduit que trop aisément.

ÉPIMÉTHÉE.

Tu as formé des femmes qui ne sont nullement séduisantes.

PROMÉTHÉE.

Cependant je les ai formées d’une plus tendre argile, même les plus grossières.

ÉPIMÉTHÉE.

En songeant d’abord à l’homme et les lui donnant pour servantes.

PROMÉTHÉE.

Deviens donc serviteur, si tu dédaignes la fidèle servante.

ÉPIMÉTHÉE.

J’évite de contredire. Ce qui s’est gravé dans mon cœur et dans mon esprit, j’aime à le repasser en silence. Ô souvenir, pour moi trésor divin ! Tu me rends tout entière l’auguste et vive image !

PROMÉTHÉE.

Elle se présente aussi devant moi, après une longue nuit, cette beauté sublime. Vulcain lui-même n’a pas réussi à la produire une seconde fois.

ÉPIMÉTHÉE.

Et toi aussi, tu rappelles la vaine fable de cette origine !… Elle est sortie de l’antique et forte race des dieux, pareille à Uranie, à Junon, et sœur de Jupiter.

PROMÉTHÉE.

Du moins Vulcain, dans sa bienveillance, l’avait richement ornée ; tressant d’abord, de ses mains habiles, un réseau d’or pour sa tête ; fabriquant les fils les plus délicats, qu’il entrelaça diversement.

ÉPIMÉTHÉE.

Ce divin réseau ne pouvait contenir sa chevelure, sa brune chevelure bouclée, luxuriante, qui se répandait de sa tête en gerbe de flamme.

PROMÉTHÉE.

C’est pourquoi il l’enveloppa de chaînes d’or pur.