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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/288

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le ferais volontairement ; mais un accident est odieux. C’est pourquoi, rassemble promptement ce que tu as d’hommes actifs dans le voisinage ; résiste à la fureur des flammes. Moi, je serai entendu sur-le-champ de cette troupe tumultueuse, qui se tient prête pour détruire comme pour protéger.

ÉPIMÉLIE.

« Mon cri d’angoisse, non pour moi-même… je n’en ai pas besoin… mais écoutez-le ! Secourez ces gens là-bas qui périssent ! car, pour moi, j’ai péri dès longtemps.

« Lorsqu’il fut tombé mort, ce berger, mon bonheur aussi s’écroula. Maintenant, la vengeance est déchaînée ; sa tribu se répand chez nous pour détruire.

« Les clôtures sont brisées, et une forêt jette des flammes puissantes. À travers l’ardente fumée, le baume s’embrase sur le tronc résineux.

« Le feu gagne la toiture, qui déjà s’enflamme. Les chevrons éclatent ! Ah ! ils se brisent sur ma tête, ils m’écrasent, même dans le lointain ! Mon crime se dresse devant moi ; son œil me menace ; son sourcil m’appelle en jugement.

« Mes pieds ne me portent pas à la place où Philéros, en délire, se précipite dans les flots de la mer. Celle qu’il aime doit être digne de lui ! L’amour et le repentir me poussent dans les flammes que l’ardeur de l’amour a fait jaillir avec fureur. » (Épimélie s’éloigne.)

ÉPIMÉTHÉE.

« Je sauve celle-ci, je sauve mon unique enfant ! À ceux-là, je résisterai avec les forces de ma maison, en attendant que Prométhée m’envoie ses guerriers. Alors nous recommencerons la lutte furieuse ; nous nous délivrerons ; ces hommes prendront fuite et la flamme s’éteindra. » (Épiméthée s’éloigne.)

PROMÉTHÉE.

« Vous, maintenant, approchez ! vous qui déjà, comme un essaim, autour de la roche béante de votre asile nocturne, hors du hallier qui vous abrite, bourdonnez avec impatience.

« Avant de partir pour les terres lointaines, portez secours à ce voisin, et le délivrez des attaques d’une vengeance sauvage. »

LES GUERRIERS.

« La voix du maître, du père, a retenti : nous obéissons avec