Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/289

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joie ; nous y sommes accoutumés. Nous sommes tous nés pour le combat ; comme le bruit et le vent, prêts à marcher.

« Nous marchons, nous marchons, et ne disons pas : « Où allons-nous ? où allons-nous ? » Nous ne le demandons pas ; et la lance et l’épée, nous les portons loin ; et toute entreprise, nous la risquons volontiers.

« C’est ainsi qu’on s’avance hardiment dans le monde. Ce que nous occuperons sera nôtre ; si quelqu’un y prétend, nous le repousserons ; s’il a quelque chose, nous en ferons notre proie.

« Quelqu’un a-t-il suffisamment et veut-il davantage, la terrible troupe ravage tout. On se charge du butin et l’on brûle la maison ; on plie bagage et l’on court.

« Loin de sa demeure, ainsi le premier s’avance d’un pas ferme et entraine le second. Quand le plus vaillant a ouvert la carrière, le reste vient à la file après lui. »

PROMÉTHÉE.

« Portez à l’instant dommage et secours ! Ici je vous consacre pour l’attaque et la défense. En avant, alertes et joyeux, d’une course rapide ! Frappez rudement ! Malheur au vaincu ! »

L’effort de la haute puissance prête ici, avec vigueur et sagesse, un secours désiré. Déjà diminue l’incendie, et ma race porte fraternellement un glorieux secours. Mais l’aurore s’avance, d’une marche irrésistible ; dans sa course légère, comme une jeune fille, elle sème à pleines mains les fleurs pourprées. Comme, sur le bord de tout nuage, elles fleurissent, richement épanouies, sous mille formes diverses ! Elle s’avance toujours, gracieuse, souriante ; elle prépare doucement les faibles yeux des fils de la terre, afin que les traits du soleil n’aveuglent pas ma race, destinée à voir les objets illuminés, mais non la lumière.

L’AURORE, s’élevant du sein de la mer.

« Les roses de la jeunesse, les fleurs du jour viennent sur mes pas, aujourd’hui plus belles que jamais, des profondeurs inexplorées de l’Océan. Secouez plus vivement le sommeil aujourd’hui, vous qui habitez le golfe environné de roches escarpées, laborieux pêcheurs ; quittez vivement votre couche ; reprenez les instruments du travail.

« Déployez promptement vos filets, enveloppez les ondes con-