par exemple, possédé longtemps Éléonore, qui est pleine de finesse et d’élégance, avec laquelle il est facile de vivre, et jamais tu n’as consenti non plus à te rapprocher d’elle, comme elle l’aurait désiré.
Je t’ai obéi ; autrement je me fusse éloigné d’elle, au lieu de m’en rapprocher. Si aimable qu’elle puisse paraître, je ne sais comment il s’est fait que j’ai pu rarement être entièrement ouvert avec elle ; et, lors même qu’elle a l’intention d’obliger ses amis, l’intention se fait sentir et l’on est choqué.
Ô mon ami, par ce chemin nous ne trouverons jamais de société. Ce sentier nous séduit et nous entraîne à travers les bois solitaires et les secrètes vallées ; l’âme s’égare de plus en plus, et l’âge d’or, qu’elle ne trouve pas au dehors, elle s’efforce de le reproduire dans son sein, si peu que la tentative lui réussisse.
Oh ! quelle parole a prononcée ma princesse ! Où s’est-il envolé cet âge d’or, après lequel tous les cœurs soupirent en vain ; cet âge, où, sur la terre libre, les humains, comme de joyeux troupeaux, se répandaient pour jouir ; où un arbre antique, dans la prairie émaillée de fleurs, offrait son ombre au berger et à la bergère ; où de plus jeunes arbrisseaux entrelaçaient discrètement leurs branches flexibles, pour abriter les transports de l’amour ; où, tranquille et transparente, sur un sable toujours pur, l’onde obéissante embrassait mollement la nymphe ; où le serpent craintif se perdait, sans nuire, dans le gazon ; où le faune hardi s’enfuyait, bientôt châtié par une vaillante jeunesse ; où chaque oiseau, dans le libre espace de l’air, où chaque animal, errant par les monts et les vallées, disait à l’homme : « Ce qui plaît est permis ! »
Mon ami, l’âge d’or est passé sans doute, mais les nobles cœurs le ramènent. Et, s’il faut t’avouer ce que je pense, l’âge d’or, dont le poëte a coutume de nous flatter, ce beau temps exista, ce me semble, aussi peu qu’il existe ; et, s’il fut jamais, il n’était assurément que ce qu’il peut toujours redevenir pour