ACTE QUATRIÈME.
Scène I.
Te réveilles-tu d’un songe, et cette belle illusion t’a-t-elle abandonné soudain ? Dans un jour de félicité suprême, es-tu saisi d’un sommeil qui retient et tourmente ton âme dans ses chaînes pesantes ? Oui, tu veilles et tu rêves. Où sont les heures qui jouaient autour de ton front avec des couronnes de fleurs ; les jours où ton esprit pénétrait, avec une libre ardeur, dans le vaste azur des cieux ? Et cependant tu vis encore, et tu as le sentiment de toi-même ; tu te sens et tu ne sais si tu existes. Est-ce ma faute, est-ce la faute d’un autre, si je me trouve ici maintenant comme coupable ? Ai-je failli, pour que je doive souffrir ? Toute ma faute n’est-elle pas un mérite ? Je le vis et fus entraîné par la bienveillance, par la confiante illusion du cœur, qu’il était un homme celui qui portait la figure humaine. Je courus à lui les bras ouverts, et je sentis une serrure et des verrous, mais point de cœur. Et pourtant j’avais sagement réfléchi à la manière dont je devais accueillir cet homme, qui dès longtemps m’était suspect ! Mais, quoi qu’il te soit arrivé, attache-toi fermement à la certitude : je l’ai vue ; elle était devant moi ; elle m’a parlé : je l’ai comprise ! Le regard, l’accent, le sens aimable de ses paroles, sont à moi pour toujours ; rien ne peut me les ravir, ni le temps, ni le sort, ni l’injurieuse fortune. Et si mon esprit s’est trop vite emporté, et si j’ai trop brusquement livré passage en mon sein à la flamme, qui main-