Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/420

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L’envieux est là pour donner du relief au bonheur ; la haine nous enseigne à être toujours armé.

LA GOUVERNANTE.

L’humiliation atteint souvent les orgueilleux.

EUGÉNIE.

Je lui opposerai la présence d’esprit. (Elle se tourne vers la cassette.) Nous n’avons pas encore tout examiné. Je ne pense pas à moi seule en ces jours. J’espère aussi pour d’autres quelques objets de prix.

La Gouvernante, sortant du coffre une petite boite.

Ici est écrit : « Pour cadeaux. »

EUGÉNIE.

Prends, la première, ce qui pourra te faire plaisir parmi ces montres, ces boîtes. Choisis !… Non, réfléchis encore. Peut-être se cache-t-il, dans la riche cassette, quelque chose de plus précieux.

LA GOUVERNANTE.

Oh ! s’il pouvait s’y trouver un talisman, assez fort pour gagner l’affection de ton farouche frère !

EUGÉNIE.

Que la pure influence d’un cœur sincère surmonte peu à peu

son aversion !

LA GOUVERNANTE.

Mais le parti qui fomente sa haine est pour toujours opposé à tes vœux.

EUGÉNIE.

S’il a tâché, jusqu’à ce jour, d’empêcher mon bonheur, une décision souveraine intervient aujourd’hui, et chacun se résigne à la chose accomplie.

LA GOUVERNANTE.

Mais ce que tu espères n’est pas encore accompli.

EUGÉNIE.

Mais je puis le considérer comme achevé. (Elle se tourne vers la cassette.) Qu’y a-t-il là-dessus, dans cette longue boîte ? La Gouvernante, après avoir sorti la boite.

Les plus beaux rubans, d’un choix délicat et nouveau…. N’amuse pas ton esprit à considérer curieusement de vaines frivolités.