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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/421

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Oh ! si tu pouvais prêter un moment d’attention à mes paroles ! Tu passes maintenant d’un cercle paisible dans une vaste carrière, où t’attendent la foule des soucis, les piéges dressés avec art et peut-être la mort, sous les coups d’une main criminelle.




EUGÉNIE.

Tu me sembles malade ! Autrement, mon bonheur pourrait-il te paraître effroyable comme un spectre ? (Elle regarde dans la cassette.) Que vois-je ? Ce rouleau ! Assurément, c’est la décoration des premières princesses du sang ! Et je la porterai aussi ! Vite, voyons comme elle me’siéra. Elle fait partie du costume : essayons-la donc aussi ! (LaGouvemante lui attache le ruban.) Maintenant, parle de la mort ! parle de danger ! Qu’est-ce qui sied mieux â un homme que de pouvoir, au milieu de ses pairs, se montrer à son roi sous la parure des héros ? Qu’est-ce qui charme plus les yeux que cet habit, qui décore les phalanges guerrières ? Et cet habit et ses couleurs ne sont-ils pas l’emblème d’un perpétuel danger ? Elle signifie la guerre, l’écharpe dont, un noble soldat, fier de sa force, entoure sa ceinture. O ma chère, un emblème brillant est toujours dangereux. Laisse-moi aussi le courage d’attendre, si magnifiquement parée, ce qui peut m’arriver. Chère amie, mon bonheur est irrévocable.

LA GOUVERNANTE, à part.

Irrévocable, le sort qui va te frapper !




ACTE TROISIÈME.