Antichambre du duc, décorée dans le goût moderne.
SCÈNE I.
LE SECRÉTAIRE, L’ABRÉ.
LE SECRÉTAIRE.
Entre sans bruit au milieu de ce silence funèbre. Tu trouveras cette maison comme dévastée parla mort. Le duc sommeille, et tous les domestiques, pénétrés de sa douleur, courbent la téte, immobiles et muets. Il sommeille ! Je le félicitais en moimême, en le voyant, sans connaissance, respirer doucement sur sa couche. L’excès de la souffrance s’est dissipé dans ce salutaire bienfait de la nature. Je redoute le momént où il s’éveillera. Tu verras paraître un homme accablé de douleur.
L’abbé.
J’y suis préparé, n’en doutez pas.
LE SECRÉTAIRE.
Il y a quelques heures, la nouvelle arriva qu’Eugénie était morte d’une chute de cheval ; qu’on l’avait déposée dans votre monastère, comme dans le lieu le plus voisin où l’on avait pu la porter, de ces masses de rochers, où elle a couru témérairement à la mort.
L’abbé.
Et, dans l’intervalle, on l’a déjà emmenée bien loin ?
LE SECRÉTAIRE.
On l’entraîne en toute hâte.
L’abbé.
A qui confiez-vous une affaire si difficile ?
LE SECRÉTAIRE.