LA MARQUISE.
Parce qu’elle leur rappelle qu’elles n’ont aucune lumière propre, et qu’elles empruntent tout leur éclat de l’homme.
LE COMTE.
Bien ! Ne l’oubliez pas…. Et maintenant, quand vous retournerez chez vous, vous verrez, à votre main gauche, dans le ciel pur, le premier quartier. Dites-vous alors l’une à l’autre : « Voyez comme elle est élégante ! Quelle douce lumière ! quelle jolie taille ! quelle modestie ! C’est la véritable image d’une aimable, adolescente jeune fille. » Quand vous verrez ensuite la pleine lune, avertissez-vous l’une l’autre, et dites-vous : « Qu’elle est brillante et belle, l’image d’une heureuse mère de famille ! Elle tourne son visage vers son époux ; elle reçoit les rayons de sa lumière, qu’elle reflète charmante et douce. » Songez-y bien, et réalisez entre vous cet emblème aussi bien que vous pourrez. Poursuivez vos méditations aussi loin qu’il vous sera possible ; formez votre esprit ; élevez votre cœur ; car c’est seulement ainsi que vous deviendrez dignes de contempler le visage du grand cophte…. Allez maintenant ; ne transgressez aucun de mes commandements, et que le ciel vous préserve de la lumière décroissante et du triste veuvage !… Vous partirez sur-le-champ, toutes ensemble, pour la ville. Une sévère pénitence pourra seule vous mériter le pardon et hâter l’arrivée.du grand cophte. Adieu. La Marquise, à part.
Le maudit fripon ! C’est un visionnaire, un menteur, un trompeur ; je le sais, j’en suis convaincue…. et cependant il m’Impose ! (Les femmes s’inclinent et se retirent.)
SCÈNE III.
LES PRÉCÉDENTS, excepté les dames.
Le Comte.
Maintenant, chevalier, et vous autres, approchez ! Je vous ai pardonné ; je vous vois confus, et ma générosité abandonne à votre propre cœur la punition et l’amendement.
Le Chevalier.
Nous reconnaissons ta grâce, ô bon maître !