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SCÈNE II.

Jean.

Ne te fâche pas : je ne parle que des femmes du grand monde. Elles ont toutes de ces fantaisies, si l’on ne flatte pas habilement leur vanité.

Frédérique.

Non, ma maîtresse n’est pas de ce nombre : il n’est que trop vraisemblable que l’amour la consume.

Jean.

L’amour ! Pourquoi le cache-t-elle ?

Frédérique.

C’est une gageure.

Jean.

Que fait la gageure, quand une fois on s’aime ?

Frédérique.

Mais la vanité !

Jean.

Elle ne vaut rien en amour. Nous autres gens du commun, nous sommes beaucoup plus heureux : nous ne connaissons pas ces raffinements. Je dis : » Frédérique, m’aimes-tu ? » Tu dis : « Oui ! et je suis à toi. » ( Il l’embrasse.)

Frédérique.

Quand le sort de nos maîtres sera décidé ; quand on nous aura compté la dot que nous devons mériter par notre attention à ces jeunes amants.


Scène III.

DORN, FŒRSTER, LES PRÉCÉDENTS.
Dorn.

Bonjour, vous autres. Parlez, que s’est-il passé ?

Jean.

Rien de particulier, monsieur. Seulement mon prisonnier est tantôt agité, hors de lui-même, tantôt pensif et rêveur. Par moments il demeure tranquille, il médite, il semble se résoudre, court vers la porte fermée ; puis il revient sur ses pas et rejette cette idée.