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SCÈNE II.

L’impatience et l’incertitude le tourmentent ; il tombe dans l’abattement et je crains la folie.

Dorn.

Assez, assez !

Jean.

Quoi ? Ne dois-je plus conter… ?

Dorn.

Pour cette fois il n’en faut pas davantage. Va, garde le jeune homme, et continue à m’informer de ce qui se passe.

Jean.

J’aurais encore bien des choses à vous dire.

Dorn.

Une autre fois. Va.

Jean.

Si c’est comme cela !… J’étais justement en train, et je crois que, si je voyais et racontais souvent de pareilles choses, je pourrais devenir moi-même assez drôle. Qu’en penses-tu, Frédérique ?

Frédérique.

Restons tels que nous sommes.

Jean.

Tope ! (Il lui tend la main et l’entraîne, en s’en allant, au fond du théâtre, où elle reste seule.)

Dorn.

Eh bien, Fœrster, que dites-vous de ce commencement ?

Foerster.

Pas grand’chose. On ne peut rien dire de positif.

Dorn.

Pardonnez-moi, mon ami, nous sommes plus près du but que vous ne croyez. Edouard semble avoir modéré son orgueil ; le sentiment s’empare de lui et sera bientôt le maître.

Foerster.

D’où concluez-vous cela ?

Dorn.

De tout ce que Jean nous a rapporté ; de chaque détail, comme de l’ensemble.

Foerster.

Ce ne sera pas lui assurément qui fera le premier pas ; je le