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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/164

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Et ils rencontrèrent Martin, le singe, qui venait de se mettre en chemin pour se rendre à Rome. Il salua les deux voyageurs.

« Cher oncle, dit-il au renard, prenez courage. »

Li-dessus il lui fit des questions sur ceci, sur cela, quoique la chose lui fût connue.

« Ah ! que la fortune m’est contraire aujourd’hui ! reprit Reineke. Quelques voleurs m’ont de nouveau accusé ; ce sont tels et tels, entre autres la corneille et le lapin. L’un a perdu sa femme, à l’autre il manque une oreille. Cela ne m’inquiète guère ; si je pouvais seulement parler au roi en personne, tous deux le sentiraient. Mais ce qui me gêne le plus, c’est que je suis encore excommunié du pape. Et le prévôt du chapitre, qui est en crédit chez le roi, a plein pouvoir dans cette affaire. Et je me trouve excommunié pour l’amour dTsengrin, qui s’était fait moine un jour, et qui s’est enfui du couvent d’Elkmar, où il a demeuré. Il jurait qu’il ne pouvait pas vivre comme cela ; qu’on le tenait trop serré ; qu’il ne pouvait jeûner longtemps ni prier toujours. Alors je vins à son aide. J’en ai du regret, car il me calomnie maintenant auprès du roi, et cherche sans cesse à me nuire. Dois-je me rendre à Rome ? Mais dans quelle perplexité les miens seront-ils au logis ? Ysengrin ne manquera pas de leur nuire, où qu’il les trouve. Il y a tant de gens encore qui me veulent du mal, et qui s’en prendront aux miens ! Si j’étais relevé de l’excommunication, ma situation serait bien meilleure : je pourrais à mon aise tenter de nouveau la fortune à la cour. »

Martin répondit :

« Je puis vous aider ; cela se rencontre bien : je vais justement à Rome, et je vous y servirai avec adresse. Je ne vous laisserai pas opprimer. Comme secrétaire de l’évêque, je me flatte d’entendre la chose. Je ferai en sorte que l’on cite à Rome directement le prévôt du chapitre ; là je bataillerai contre lui. Laissez, mon oncle, je ferai marcher l’affaire et je saurai la conduire. Je fais exécuter la sentence ; vous obtenez certainement l’absolution ; je vous la rapporte. Vos ennemis n’auront qu’une fausse joie ; ils perdront en même temps leur argent et leur peine. Je connais le train des choses à Rome, et je sais ce qu’on doit faire et ne pas faire. Là M. Simon, mon oncle, est puissante ! considéré ; il vient en aide aux bons payeurs. Et Schalkefund,