Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/177

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Là-dessus la guenon prit la parole.

« Pourquoi désespérer ? Pourvu qu’ils soient sur la terre, il reste encore de l’espérance. Tôt ou tard nous irons, et nous interrogerons diligemment laïques et clercs. Cependant faitesnous le détail de ces trésors. »

Reineke répondit :

« Ils étaient si précieux que nous ne les retrouverons jamais. Qui les tient, les garde assurément. Combien Mme Ermeline n’en sera-t-elle pas désolée ! Elle me le reprochera sans cesse ; car elle me déconseillait de remettre à ces deux personnages les précieux joyaux. Maintenant on forge des mensonges sur mon compte, et l’on vient m’accuser : mais je soutiendrai mon droit, j’attendrai mon arrêt, et, si je suis libéré, j’irai courir les pays et les royaumes ; je chercherai à recouvrer les trésors, dusse-je y perdre la vie. »

CHANT DIXIÈME.

« O mon roi, dit ensuite l’artificieux orateur, souffrez, trèsnoble prince, que j’énumère, en présence de mes amis, tout ce qui vous était destiné par moi d’objets précieux. Bien que vous ne les ayez pas reçus, mon intention était cependant louable.

— Parle, répondit le roi, et parle en peu de mots.

— Le bonheur et l’honneur sont perdus. Vous saurez tout, dit tristement Reineke. Le premier de ces précieux joyaux était une bague. Je la donnai à Bellin, qui devait la remettre au roi. Cet anneau était agencé d’une merveilleuse manière ; il était d’or fin, et digne de briller dans le trésor de mon prince. Sur la face intérieure, qui est tournée vers le doigt, étaient gravées et fondues des lettres : c’étaient trois mots hébreux d’une signification