Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/198

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Il me répondit : « Comme j’ai rencontré, j’ai parlé. La méchante « sorcière m’a traité indignement. Je voudrais qu’elle fût ici « dehors ; elle me le payerait cher. Qu’en pensez-vous, Reineke ? « Avez-vous jamais vu des enfants pareils, si laids et si méchants ? * Je le lui dis, et, dès ce moment, je ne trouvai plus grâce de« vant elle ; et j’ai mal passé mon temps dans ce trou.

« — Êtes-vous fou ? lui dis-je. Je vous avais donné des avis plus sages. « Je vous salue de tout mon cœur, ma chère tante, « deviez vous dire. Comment allez-vous ? Comment se portent » vos gentils, vos chers enfants ? Je me félicite fort de revoir « mes grands et mes petits cousins. » Mais Ysengrin repartit : i Appeler tante cette femelle, et cousins ces vilains enfants ? « Que le diable les emporte ! J’ai horreur d’une semblable parente. Fi de cette abominable canaille ! Je ne les reverrai de « ma vie. » C’est pour cela qu’il fut si maltraité. Maintenant, sire, jugez. Dit-il justement que je l’ai trahi ? Il peut le confesser : la chose n’est-elle pas arrivée comme je la rapporte ? »

Ysengrin repartit résolument :

" Nous ne sortirons pas de ce procès avec des paroles. Que nous sert-il de quereller ? Le droit est toujours le droit, et qui . Ta pour lui, c’est ce qu’on voit à la fin. Vous vous présentez fièrement, Reineke ; vous l’avez donc peut-être. Combattons l’un contre l’autre, l’affaire sera vidée. Vous savez dire beaucoup de choses : comme j’ai souffert d’une grande faim devant la demeure des singes, et comme vous m’avez alors fidèlement nourri’. Je sais ce que vous voulez dire. Ce n’était qu’un os que vous m’apportâtes ; la chair, vous l’aviez sans doute mangée vous- . même. Où que vous soyez, vous me raillez, et vous tenez effrontément des discours qui m’offensent. Par des mensonges infâmes, vous m’avez rendu suspect d’avoir médité une coupable conspiration contre le roi, et d’avoir désiré de lui ôter la vie. Vous, en revanche, vous lui parlez fastueusement de trésors…. Il aurait de la peine à les trouver. Vous avez traité outrageusement ma femme, et vous rne le payerez. Voilà de quoi je vous accuse. Je prétends combattre pour les offenses anciennes et nouvelles, et, je le répète, vous êtes un meurtrier, un traître, un voleur. Nous combattrons vie pour vie ; et que finissent les querelles et les injures ! Je vous jette le gant, comme le fait tout