Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/201

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et le blaireau vinrent éveiller leur cousin. Ils le saluèrent amicalement et lui dirent :

« Préparez-vous bien. »

Puis la loutre lui présenta un jeune canard et lui dit : •

« Mangez-le. J’ai bien sauté pour vous l’attraper, le long de la digue, près de Hunerbrot1. Veuillez vous en régaler, mon cousin.

— Voili de bonnes arrhes, repartit Reineke joyeux. Je ne dédaigne pas chose pareille. Que Dieu vous récompense d’avoir songé à moi ! »

Il se régala du canard et but un coup, puis il se rendit avec ses parents dans la lice, sablée, bien unie, où l’on devait combattre.

CHANT DOUZIÈME.

Quand le roi vit Reineke, et comme il se présentait ras tondu dans le champ clos, frotté, sur tout le corps, d’huile et de graisse glissante, il fut pris d’un rire immodéré.

« Renard, qui donc t’a enseigné cela ? s’écria-t-il. On peut bien t’appeler Reineke1, le renard ; tu es toujours le madré ; tu trouves partout quelque issue, et tu sais te tirer d’affaire. »

Reineke fit au roi une profonde révérence, une plus profonde encore à la reine, et il entra dans la lice avec des sauts joyeux.. Le loup s’y trouvait déjà avec ses parents. Ils souhaitaient au renard une honteuse fin. Il entendit mainte parole colère et mainte menace. Cependant Lynx et Lupardus, les juges du camp,


1. Le pain des poules.

2. Reineke, qui est lu oiû ;ue ijue Ukcjnuart, signifie l’/iowime avisd. prudent.