Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/252

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25 juillet.

Oui, Charlotte, j’aurai soin de tout ; je m’acquitterai de tout : donnez-moi seulement plus de commissions ; donnez-m’en bien souvent. Je vous ferai une seule prière : jamais de sable sur les billets que vous m’écrivez ! Celui de ce jour, je l’ai porté vivement à mes lèvres, et le sable crie encore sous mes dents.

26 juillet.

Je me suis déjà proposé plus d’une fois de ne pas la voir si souvent : mais qui pourrait tenir cette promesse ? Tous les jours je succombe à la tentation, et je me dis solennellement : « Demain tu resteras une fois loin d’elle, » et, lorsqu’arrive le lendemain, je trouve de nouveau un motif irrésistible, et, avant de me reconnaître, je suis chez elle. Ou bien elle m’a dit la veille : « Vous viendrez demain, je pense ? » et qui pourrait alors ne pas aller ? ou bien elle me donne une commission,et je trouve convenable de lui porter moi-même la réponse ; ou bien la journée est trop belle : je vais à Wahlheim, et, lorsque j’y suis, il n’y a plus qu’une demi-lieue jusque chez elle…. Je suis trop avant dans son atmosphère…. Zest ! m’y voilà. Ma grand’mère avait une histoire d’une montagne d’aimant : les vaisseaux qui s’en approchaient trop perdaient soudain tous leurs ferrements ; les clous volaient à la montagne, et les pauvres navigateurs naufrageaieut parmi les planches, qui fondaient les unes sur les autres.

30 juillet.

Albert est arrivé, et je vais par tir. Fût-il le meilleur’et le plus noble des hommes, auquel je me reconnaîtrais inférieur à tous