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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/306

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dans la douleur, n’est-il pas arrêté soudain, ramené soudain au sentiment froid et borné de lui-même, quand il aspirait à se perdre dans l’océan de l’infini ?

L’ÉDITEUR AU LECTEUR.

J’aurais vivement désiré qu’il nous fût resté, sur les derniers jours, si remarquables, de notre ami, assez de renseignements écrits de sa main, pour ne pas être obligé d’interrompre par le récit la suite des lettres qu’il a laissées.

Je me suis attaché à recueillir d’exactes informations de la bouche des personnes qui pouvaient être bien instruites de son histoire ; elle est simple, et toutes les relations s’accordent entre elles, sauf dans quelques détails insignifiants. C’est seulement sur les caractères des personnages que les opinions sont diverses et les jugements partagés. Que nous reste-t-il à faire, sinon de raconter fidèlement ce que nos recherches multipliées ont pu nous apprendre ; d’insérer dans le récit les lettres qui restent du défunt, sans dédaigner le plus petit billet qu’on a pu retrouver ? d’autant qu’il est bien difficile de découvrir les propres et vrais mobiles même d’une seule action, quand elle se passe parmi des" hommes qui sortent de la ligne commune !

Le découragement et la tristesse avaient jeté dans l’urne de Werther des racines toujours plus profondes ; elles s’étaient . entrelacées plus fortement et s’étaient emparées par degrés de tout son être. L’harmonie de son esprit était complètement détruite ; une ardeur et une violence secrètes, qui agitaient confu-