Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/31

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bien qu’elle soit pauvre, et qu’il ait exclu, d’une manière si décidée, l’épouse pauvre. Il dit, dai» son emportement, bien des choses qu’il ne fait pas, et il accorde aussi ce qu’il a refusé. Seulement, il demande une bonne parole, et il peut la demander, car il est le père. Nous savons bien aussi qu’après le repas, s’il parle plus vivement et combat les idées des autres, sa colère n’est jamais sérieuse. Le vin excite alors toutes les forces de sa volonté passionnée, et l’empêche d’entendre les paroles d’autrui ; il n’entend et ne comprend que lui-même. Mais le soir vient mettre un terme à tous les propos qu’il a échangés avec ses amis. Il est plus doux, je* le sais, quand les fumées du vin se sont dissipées, et il sent l’injustice que sa vivacité lui a fait commettre. Viens, nous ferons sur-le-champ une tentative ; il faut oser pour réussir, et nous avons besoin des amis qui sont encore auprès de lui : le digne pasteur surtout nous aidera. »

Ainsi dit-elle vivement, et, quittant soudain son siège de pierre, elle lit aussi lever son Hermann, qui la suivit sans résistance. Ils descendirent tous deux en silence, tout occupés de leur important projet.

POLYMNIE.

Les Cosmopolite.

Le pasteur et le pharmacien étaient toujours assis auprès de l’aubergiste, et les trois amis discouraient toujours ensemble. Le sujet de la conversation était le même encore, et, de part et d’autre^ il fut longuement traité sous toutes les- faces. Le bon pasteur, animé de nobles sentiments, prit la parole à son tour.

« Je ne veux pas vous contredire : je sais que l’homme doit