Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/52

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nous devrons finir par nous disperser tous dans les pays étrangers. Voili le jeune homme à qui nous devons ces présents, les langes de l’enfant et ces provisions bienvenues ; il vient m’enga-. ger, il désire me voir dans sa maison, afin que j’y serve ses bons et riches parents ; et je ne refuse pas, car la jeune fille est partout appelée à servir, et ce serait un fardeau pour elle de rester oisive dans la maison et de se voir servie. Je le suivrai donc volontiers : il paraît être un jeune homme sage, et ses parents seront aussi tels que les riches doivent être. Adieu donc, chère amie : qu’il fasse votre jo’ie, ce nourrisson plein de vie, qui déjà fixe sur vous un regard si animé ! Quand vous le presserez sur votre sein dans ces langes colorés, pensez au bon jeune homme qui vous les donna, et qui, à l’avenir, donnera aussi à votre amie la nourriture et le vêtement. Et vous, homme excellent, ajouta-t-elle en se tournant vers le juge, soyez béni de m’avoir servi de père en mainte occasion. »

Ensuite elle s’agenouilla devant la bonne femme accouchée ; elle baisa son visage en pleurs, et recueillit le doux murmure de sa bénédiction. Cependant, vénérable juge, vous dîtes à Hermann ces paroles :

« Vous méritez, ô mon ami, d’être compté parmi les bons économes, attentifs à s’assurer des personnes de mérite, pour administrer les affaires de leur maison. En effet j’ai vu souvent qu’on examine avec soin les bœufs et les chevaux et les moutons qu’on veut échanger ou vendre ; mais l’homme, qui maintient tout, s’il est actif et bon, et qui dissipe et ruine tout par une mauvaise conduite, on le reçoit au hasard dans sa maison, et l’on se repent trop tard d’une résolution précipitée. Pour vous, il paraît que vous êtes un homme habile : vous avez pris, pour servir vous et vos parents, une personne vertueuse. Traitez-la bien : aussi longtemps qu’elle gouvernera votre ménage, vous ne sentirez pas le besoin d’une sœur, ni vos parents d’une fille. »

Cependant plusieurs proches parentes de l’accouchée vinrent lui apporter différentes choses et lui annoncer un meilleur logement. Toutes apprirent la résolution de la jeune fille, et bénirent Hermann, avec des regards expressifs et des pensées secrètes ; car l’une disait vivement à l’oreille de~ l’autre : « Si de