Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/53

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son maître il devient son époux, elle a sa fortune faite. » Alors Hermann la prit par la main et lui dit :

« Partons, le jour est sur le déclin, et la petite ville est éloignée. »

Là-dessus les femmes, dont le babil s’animait, embrassèrent Dorothée ; Hermann l’entraînait ; elle envoyait encore bien des adieux aux amis absents ; mais les enfants, avec des cris et des pleurs désespérés, s’attachaient à sa robe, et ne voulaient .pas laisser partir leur seconde mère. Alors une femme et puis une autre leur imposèrent silence et leur dirent : « Taisez-vous, enfants. Elle va à la ville, et vous apportera de bon massepain, que votre frère a commandé pour vous, au moment où la cigogne, qui vient de l’apporter1, passait devant le confiseur, et vous la verrez bientôt revenir avec de beaux cornets dorés. »

Et les enfants la laissèrent aller, et le jeune homme l’arracha encore avec peine aux embrassements et aux mouchoirs qui la saluaient de loin.

MELPOMÈNE.

Dermann et Dorothée.

Ils cheminaient ainsi tous deux en face du soleil couchant, qui s’enveloppait de nuages sombres, menaçant d’un orage, et, du milieu de ce voile, faisant rayonner ça et là sur la camgagne, avec des regards enflammés, une clarté de mauvais présage.

« Puisse, dit Hermann, l’orage qui nous menace ne pas nous


1. Il est d’usage chez le peuple, en Allemagne, de faire ce conte aux enfantr