Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/57

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URANIE.

Peripectire.Muses, favorables à l’amour fidèle, qui avez jusqu’à présent guidé les pas du jeune homme vertueux, qui avez pressé la jeune vierge sur son cœur, même avant les fiançailles : aideznous encore à former le lien du couple charmant ; écartez soudain les nuages qui s’amassent sur leur bonheur ! Mais dites avant tout ce qui se passe maintenant dans la maison.

Déjà, pour la troisième fois, la mère impatiente était entrée dans la chambre des hommes, qu’elle avait quittée d’abord avec inquiétude, en parlant de l’orage prochain, de li lune soudain obscurcie, puis du retard de son fils et des dangers nocturnes ; elle blâmait vivement les amis de s’être sitôt séparés du jeune homme, sans parler à l’étrangère, sans faire pour lui la demande.

« Ne rends pas le mal plus grave, lui dit le père mécontent : tu vois que nous sommes impatients nous-mêmes, et que nous attendons l’issue. »

Mais le voisin, toujours assis, se mit à dire tranquillement :

« Dans les heures inquiètes, pareilles à celle-ci, je rends toujours grâce à feu mon père, qui, dès mon jeune âge, extirpa chez moi les racines de toute impatience, en sorte qu’il n’en est pas çesté le moindre vestige, et que j’appris aussitôt à attendre, mieux que tous les sages.

— Dites-nous, reprit le pasteur, quel beau secret le vieillard employa.

— Je vous le raconterai volontiers, repartit le voisin, car chacun peut en faire son profit. Encore enfant, je témoignais