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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/84

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sacré, qu’ils honorent par-dessus tous celui qui le méprise fièrement. Bien des vertus résident dans la sublime, l’intelligente sagesse, ou dans la foi, le devoir, l’amour, qui embrasse toutes choses : mais aucune n’est aussi honorée des hommes que la ferme volonté qui, au lieu de céder à la mort, appelle courageusement au combat la puissance même des Parques. Il paraîtra aussi vénérable aux races futures, celui qui, pressé par la honte ou le malheur, a tourné lui-même résolument contre son corps délicat la pointe d’airain. La gloire est forcée de le suivre ; il reçoit des mains du désespoir la magnifique couronne de l’impérissable victoire. »

Ainsi dit-il, et Minerve lui répondit :

« Tu as bien parlé, car c’est là ce qui arrive aux hommes. Le plus chétif est exalté par le mépris des dangers mortels. Un écuyer se tient noblement dans la bataille à côté du roi. La gloire même de l’épouse se répand sur la terre. Elle est toujours célébrée parmi les héros, la reine, l’épouse au cœur paisible, qui se dévoua pour son Admète. Mais nul ne peut espérer un sort plus grand, plus glorieux, que celui qui, sans conteste, est le premier dans la lutte des guerriers innombrables, d’origine achéenne ou Phrygiens indigènes, qui se livrent sur ce bord des combats infinis. Mnémosyne et ses augustes filles oublieront plutôt ces combats, ces premières luttes divines, qui y affermirent l’empire de Jupiter, pour lesquelles la terre, la mer et le ciel s’émurent et s’enflammèrent ; on oubliera l’audace des Argonautes, et la terre cessera de songer à la force d’Hercule, avant que ces campagnes et ce rivage cessent de publier la lutte de dix ans et ses glorieux exploits. Et, dans cette illustre guerre, qui soulève toute la Grèce, et qui a fait traverser la mer à ses vaillants guerriers, comme elle a appelé au combat les derniers barbares, alliés des Troyens, ce fut ta destinée d’être toujours nommé le premier, comme chef des peuples. Désormais, où que se rassemble le cercle des hommes paisibles, et qu’ils prêtent l’oreille au chanteur, étant abordés dans un port tranquille ; se reposant, sur la pierre taillée, du travail de la rame et de la lutte terrible avec les flots indomptables ; ou bien, dans la fête sacrée, couchés autour du temple magnifique de Jupiter olympien ou de Phébus, qui frappe de loin, quand le prix glorieux