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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/99

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un messager au rusé malfaiteur, pour qu’il ne se dérobât par aucune raison, et pour le sommer de se présenter à la cour du roi, le premier jour où les seigneurs se réuniraient. Brun, l’ours, fut chargé du message. Le roi dit à Brun :

« Je vous ordonne, moi, votre sire, de remplir le message avec zèle. Cependant je vous conseille la prudence ; car Reineke est faux et méchant. Il emploiera toutes sortes de ruses ; il vous flattera ; il vous mentira, vous trompera de son mieux.

— Nenni-da ! repris l’ours avec confiance. Soyez tranquille. S’il osait s’y jouer seulement, et se permettre de me faire la moindre insulte, je le jure par Dieu, qu’il veuille me punir, si je n’en fais de si terribles représailles, que Reineke ne puisse les endurer. »

CHANT DEUXIEME.

Ainsi donc Brun prit, avec un fier courage, le chemin de la montagne, à travers un désert qui était grand, long et large et sablonneux ; et, lorsqu’enfin il l’eut traversé, il arriva aux montagnes où Reineke avait coutume de chasser. La veille même, il s’était diverti dans ces lieux. L’ours avança jusqu’à Maupertuis, où Reineke avait de beaux bâtiments. De tous les châteaux et de tous les forts qui lui appartenaient en grand nombre, Maupertuis était le meilleur. Il y faisait sa résidence, aussitôt qu’il craignait quelque mal.

Brun arriva au château, et trouva la porte ordinaire solidement fermée. Il passa devant, et, après un moment de réflexion, il linit par crier :

« Monsieur mon oncle, êtes-vous à la maison ? Brun, l’ours, est arrivé ; il vient comme huissier du roi : car le roi a fait ser-