Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/140

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Chapitre I

«  Connais-tu la contrée où les citronniers fleurissent ? Dans le sombre feuillage brillent les pommes d’or ; un doux vent souffle du ciel bleu ; le myrte discret s’élève auprès du superbe laurier…. La connais-tu ?

«  C’est là, c’est là, ô mon bien-aimé, que je voudrais aller avec toi.

«  Connais-tu la maison ? Son toit repose sur des colonnes ; la salle brille, les chambres resplendissent, et les figures de marbre se dressent et me regardent. « Que vous a-t-on fait, pauvre enfant ? » La connais-tu ?

«  C’est là, c’est là, ô mon protecteur, que je voudrais aller avec toi.

«  Connais-tu la montagne et son sentier dans les nuages ? La mule cherche sa route dans le brouillard ; dans les cavernes habite l’antique race des dragons ; le rocher se précipite et, après lui, le torrent. La connais-tu ?

«  C’est là, c’est là que passe notre chemin : ô mon père, partons ! »

Le lendemain, quand Wilhelm chercha Mignon dans l’auberge, il ne la trouva pas, mais il apprit qu’elle était sortie avec Mélina, qui s’était levé de bonne heure, pour prendre possession du mobilier et de la garde-robe de théâtre.

Quelques heures après, Wilhelm entendit de la musique devant sa porte. Il crut d’abord que c’était le joueur de harpe, mais