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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/336

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332 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

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au contraire, étaient, les uns, étrangers et inconnus, les autres, jeunes, aimables, sans appui, et tous avaient trouvé des partisans.

Bientôt se manifestèrent aussi des dissensions intestines et divers mécontentements car, aussitôt qu’on se fut aperçu que Wilhelm s’était chargé des fonctions de régisseur, la plupart des comédiens se comportèrent fort mal, trouvant mauvais que Wilheim, selon son caractère, voulût mettre un peu plus d’ordre et d’exactitude dans l’ensemble, et qu’il insistât particulièrement pour que toute la partie matérielle fût, avant tout, ponctuellement et convenablement réglée.

Ainsi toute cette société, qui avait eu quelque temps une perfection presque idéale, devint aussi vulgaire que peut l’être une troupe quelconque de comédiens ambulants. Et, par malheur, au moment où Wilhelm, à force de travail, de peine et de persévérance, eut acquis toutes les connaissances nécessaires à sa profession, et formé pour cela parfaitement sa personne, aussi bien que ses facultés, il crut enfin reconnaître, dans ses heures sombres, que ce métier valait moins que tout autre la dépense de force et de temps qu’il exigeait. Le travail était accablant et la récompense chétive. Il en aurait plus volontiers entrepris un autre, quel qu’il fût, qui, une fois achevé, permettrait de goûter la tranquillité d’esprit, plutôt que celui-1~, dans lequel, après des fatigues matérielles, on ne peut atteindre encore le but de son activité que par les plus grands efforts de l’esprit et du sentiment. Il fallait écouter les doléances d’Aurélie sur la prodigalité de son frère ; il fallait éviter de comprendre les insinuations de Serlo, qui cherchait à l’amener de loin à épouser sa sœur ; il avait encore à cacher le chagrin qui lui était le plus sensible le messager envoyé à la recherche du mystérieux officier ne revenait pas et ne donnait point de ses nouvelles, et notre ami devait craindre d’avoir perdu Marianne pour la seconde fois.

Dans ce même temps, un deuil public obligea de fermer le théâtre pour quelques semaines. Wilheim saisit cet intervalle pour visiter le pasteur chez qui le joueur de harpe était en pension. Il le trouva dans une agréable contrée, et le premier objet qui s’offrit à ses yeux dans le presbytère fut le vieillard, qui