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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/485

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DEWILIIELMMUISTER. 481

MKTHK.–A :h’APPH.

changements survenus, et ce qui subsistait encore et ce qui s’était passé.

« Nos dames, dit-il, sont heureuses et contentes l’argent ne manque jamais. Elles passent la moitié du jour à se parer et l’autre moitié à étaler leurs parures. Du reste elles ne août pas trop mauvaises ménagères. Mes garçons montrent assez d’intelligence. Je les vois déjà, en idée, assis au comptoir, écrire et calculer, courir, acheter et brocanter. Chacun d’eux aura, le plus tôt possible, son industrie à part. Pour ce qui regarde notre bien, tu verras des choses qui te feront plaisir. Quand nous serons en règle au sujet de ces terres, tu me suivras chez nous ; car, à te voir, tu me parais capable de t’occuper d’affaires avec quelque intelligence. Honneur à tes nouveaux amis, qui t’ont fait entrer dans la bonne voie ! Je suis un maître fou, et c’est maintenant que je vois combien je t’aime je ne puis me lasser de te regarder et d’admirer ta bonne mine. Aussi, comme te voila, tu ne ressembles guère a ce portrait que tu envoyas un jour à ta sœur, et qui souleva dans la maison un grand débat. La mère et la fille trouvaient charmant ce jeune monsieur avec son cou nu, sa poitrine débraillée, son grand jabot, ses cheveux flottants, son chapeau rond, sa veste courte et son pantalon flottant pour moi, je soutenais que ce costume n’en devait guère à celui de paillasse. Mais aujourd’hui tu as l’air d’un homme. Il n’y manque plus que la queue. Je t’en prie, attache-moi ces cheveux ; autrement on va te prendre en chemin pour un juif, et l’on te fera payer le péage et l’escorte’. » Pendant cette conversation, Félix s’était glissé dans la chambre, et, sans qu’on prît garde à lui, il s’était couché et endormi sur le canapé.

« Quel est ce marmot ? » dit Werner.

Wilhelm ne se sentit pas, en ce moment, le courage de dire la vérité, et ne se souciait point de raconter une histoire, au fond toujours douteuse, à un homme qui, par nature, n’était rien moins que crédule.

1. Dans le siècle passj, et, par exemple, a Francfort, quand les juifs avaient sortir de leurs quartiers, pendant les heures et les jours où la police les séquestrait, ils devaient être accompagnes d’un agent da police (une escorte) qu’ils 6ta !ent obligés de payer.