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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/521

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DE WILHELM ~tElSTER. 517

soigner une véritable et mutuelle confiance ; nous avons plus que jamais besoin de nous mieux connaître.

-Oui, mon ami, dit-elle en souriant, avec une dignité paisible, d’une douceur inexprimable ; il n’est peut-être pas hors de propos de vous le dire, tout ce que les livres ce que le monde nous présente sous le nom d’amour, ne m’a jamais semblé qu’une fable.

Vous n’avez jamais aimé ?

Jamais ou toujours » répondit Nathalie.

CHAPITRE V.

Pendant cette conversation, ils s’étaient promenés dans le jardin ; Nathalie avait cueilli quelques fleurs de formes rares, qui étaient complétement inconnues à Wilhelm, et dont il demanda les noms.

« Vous ne soupçonnez pas dit Nathalie, pour qui je cueille ce bouquet ? Il est destiné pour mon oncle, à qui nous allons faire une visite. Je vois que le soleil éclaire vivement la Salle dic passé ; c’est le moment de vous y conduire, et je ne m’y rends jamais sans y porter quelques-unes des fleurs que mon oncle préférait. C’était un homme bizarre et susceptible des impressions les plus singulières ; il y avait certaines espèces de plantes et d’animaux certains hommes et certaines contrées, et même certains genres de pierreries pour lesquels il sentait une préférence marquée et rarement explicable. Si, dès ma jeunesse, » disait-il souvent, je n’avais lutté vivement contre moi-même ; si je ne m’étais eubrcë d’étendre et de développer mon intelligence je serais devenu le plus étroit et le plus insupportable des hommes ; car il n’est rien de plus insupportable qu’une « étroite bizarrerie, chez l’homme duquel on peut exiger une « pure et convenable activité.