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552 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

posent point leur haine ou leur amour en présence d’une colonnade, et se hâtent de rapetisser, le plus possible, à la mesure de leurs conceptions, les meilleures et les plus grandes choses qui leur sont produites, afin de pouvoir les relier jusqu’à un certain point avec leur propre nature. »

CHAPITRE VIII.

Le soir, l’abbé invita les amis aux funérailles de Mignon. On se rendit dans la Salle du passé, que l’on trouva éclairée et décorée de la manière la plus saisissante. Les murs étaient revêtus presque entièrement de tapisseries bleu céleste, si bien qu’on ne voyait plus que le socle et la frise. Des flambeaux de cire brûlaient dans les quatre candélabres placés aux angles et dans les quatre, plus petits, qui entouraient le sarcophage au milieu de la salle. Alentour, quatre jeunes garçons, vêtus d’une étoffe bleu céleste, lamée d’argent, balançaient de larges éventails en plumes d’autruche, comme pour agiter l’air autour d’une figure qui reposait sur le sarcophage. Dès que la société fut assise, deux chœurs invisibles demandèrent avec un chant mélodieux « Quel hôte amenez-vous dans notre paisible société ? » Les quatre jeunes garçons répondirent d’une voix douée « Nous vous amenons un ami fatigué laissez-le reposer parmi vous, jusqu’au jour où les cris de joie de ses frères célestes viendront le réveiller.

LE CHœuR.

0 toi ! les prémices de la jeunesse dans notre société, sois la bienvenue ! la bienvenue avec larmes et douleur ! Que nul adôlescent, nulle jeune fille ne te suive ! Que la vieillesse seule s’approche, calme et résignée, de notre salle muette, et que l’en.. fant, la chère enfant, repose dans cette grave assemblée ;