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DE WILHELM MEISTER. 553

LES JEUNES GARÇONS.

Ah ! comme avec regret nous l’avons amenée ! Hélas ! et elle doit rester ici ! Restons aussi, pleurons, pleurons près de son cercueil ! 1

LE CHœuR.

Voyez ces ailes puissantes Voyez cette robe pure et légère Comme la bandelette dorée brille autour de sa tête ! Quelle grâce, quelle dignité dans son repos !

LES JEUNES GARÇONS.

Hélas ! ces ailes ne l’enlèvent point ; son vêtement ne voltige plus dans les jeux légers ; quand nos mains couronnaient son front de roses, elle nous regardait d’un air caressant et doux. LE CHœuR.

Regardez en haut, avec les yeux de l’esprit ; qu’elle vive chez vous, la force créatrice, qui emporte au delà des étoiles ce qu’il y a de plus beau, de plus sublime, la vie

LES JEUN-ES GARÇONS.

Hélas notre compagne nous manque ici-bas. Elle ne se promène plus dans les jardins ; elle ne cueille plus les fleurs de la prairie. Pleurons, nous la laissons ici. Pleurons et restons auprès d’elle.

LE cnosun.

Enfants, retournez dans la vie ; que la fraîche brise, qui se joue autour du ruisseau vagabond, essuie vos larmes dérobezvous à la nuit le jour et le plaisir et la durée sont le partage des vivants.

LES JEUNES GARÇONS.

Allons, retournons dans la vie. Que le jour nous donne travail et plaisir, en attendant que le soir nous amène le repos, et que le nocturne sommeil nous restaure.

LE CHœuR.

Enfants, hâtez-vous, montez le chemin de la vie. Que, sous le pur vêtement de la beauté, l’amour vienne à vous avec son regard céleste et la couronne de l’immortalité

Les jeunes garçons sortirent ; l’abbé se leva de son siège et s’avança derrière le cercueil. Il parla en ces termes « C’est la volonté de l’homme qui a préparé cette paisible demeure, que tout nouvel hôte soit reçu avec solennité. Après