Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/253

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— On devrait du moins, reprit Wilhelm, permettre, en ces jours solennels, une exposition, où l’on pourrait contempler avec plaisir et apprécier les progrès que les élèves ont faits pendant trois ans.

— Les expositions peuvent être nécessaires en d’autres lieux, répondit le surveillant ; chez nous elles ne le sont point : tout notre système, toute notre existence, est une exposition. Voyez ces édifices de tout genre, tous construits par des élèves, mais sur des plans cent fois médités et discutés : car les tâtonnements et les essais sont interdits à l’architecte. Ce qui doit rester debout, il faut l’établir parfaitement et pour l’éternité, ou du moins pour une longue durée. On peut commettre des fautes, on ne doit point en bâtir.

« Nous sommes plus indulgents pour les sculpteurs et plus encore pour les peintres : ils peuvent faire des essais chacun dans leur genre. Ils sont libres de choisir, au dedans et au dehors des édifices, et dans les places publiques, un point qu’ils désirent décorer. Ils font connaître leur pensée : si elle est digne de quelque approbation, l’exécution en est permise, et cela, soit avec l’autorisation, accordée à l’élève, de pouvoir, plus tôt ou plus tard, faire enlever son travail, s’il venait à lui déplaire, soit à condition que l’œuvre, une fois exposée, demeure à sa place irrévocablement. La plupart choisissent le premier parti, et se réservent la permission qu’on leur offre : en quoi ils sont toujours mieux inspirés. Le second cas est plus rare, et l’on observe qu’alors les artistes se fient moins en euxmêmes, qu’ils ont de longues conférences avec leurs camarades et avec les connaisseurs, et réussissent de la sorte à produire des ouvrages vraiment dignes d’estime et qui méritent de vivre.»

Wilhelm ne négligea pas ensuite de demander quel enseignement on associait à la culture des arts plastiques.

« Celui de la poésie épique, » répondit le surveillant.

Cependant il causa une singulière surprise au voyageur, en ajoutant qu’on ne permettait pas aux élèves de lire ou de réciter les épopées mêmes des poètes anciens et modernes.

« On se contente, poursuivit-il, de leur exposer brièvement une suite de mythes, de traditions et de légendes. On juge bientôt, à l’exécution pittoresque ou poétique, la faculté créa-